La gestion de l'environnement
Une fois exclue la manipulation, les conditions environnementales des collections sont les principaux facteurs de dégradation. Selon la nature des œuvres, la température, l’humidité relative, la lumière et/ou les polluants auront un pouvoir de dégradation plus ou moins fort.
Le principe de la conservation préventive préconise de limiter les causes de dégradations des collections afin d’éviter les interventions de conservation curative ou de restauration. Le contrôle des conditions environnementales est un des premiers moyens d’y parvenir. De nombreux facteurs environnementaux ont une action sur les oeuvres :
- La température (T° en °C) et l’humidité relative (HR en %) : ces deux facteurs sont liés. L’humidité relative est le principal responsable des dommages. En effet, les matériaux organiques, plus ou moins hygroscopiques, réagissent aux variations d’humidité relative du climat, en gonflant ou en se rétractant. L’humidité relative et la température favorisent également le développement des moisissures. La T° a une action spécifique sur certains objets, comme les cires ou les photographies, mais elle fait fluctuer l’humidité relative et donc a une action générale sur les matériaux organiques.
- La lumière (en Lux) : elle a une double action. Les rayons infrarouges créent de la chaleur et donc font fluctuer la température. Les rayons ultraviolets créent des dégradations permanentes, comme des décolorations. L’effet de la lumière est cumulatif et irréversible, il est donc important de gérer les temps d’exposition : on parle de Dose Totale d’Éclairement (DTE).
- Les polluants : ils proviennent de l’air extérieur, notamment l’air pollué, mais peuvent aussi être émis par des matériaux utilisés dans le musée, comme les peintures, voire par les collections, notamment les naturalia. Les polluants sont très variés, de nature organique comme inorganique, et ont des effets variables sur les collections : corrosion des métaux, jaunissement du vernis, fragilisation du papier, etc. Ils peuvent aussi être dangereux pour l’homme. On parle souvent des composés organiques volatiles ou COV.
La gestion de l’environnement implique d’abord la connaissance du comportement du(es) bâtiment(s) de son institution. Cela passe notamment par la mesure des différents facteurs :
- Mesure et enregistrement de la température et de l’humidité relative : par des indicateurs d’humidité, des thermomètres, des thermo-hygromètres isolés ou un système centralisé avec des sondes reliées à un ordinateur.
- Mesure de la lumière : ponctuelle avec un luxmètre mais aussi relevé des zones plus ou moins touchées par la lumière du soleil au cours de la journée. Il est également possible de mesurer les rayons UV avec uvmètre.
- Mesure des polluants : en identifiant les points d’entrée ou d'émission.
Une fois cette connaissance acquise, des mesures de contrôle peuvent être mises en place :
- Contrôle de la température et de l’humidité relative : a lieu selon la configuration de l’institution ainsi que les moyens mis à disposition. Il pourra s’agir d’une climatisation complète des espaces mais cela peut aussi prendre la forme de mesures plus limitées, ciblées, à destination des collections les plus fragiles, comme des mises sous capot avec l’utilisation de matériaux tampon, climatisation limitée à une vitrine, etc. Le contrôle s’effectuera sur deux facteurs : à la fois sur les consignes maximales et minimales mais également sur la variation journalière. Pour une majorité d'œuvres, il s’agira surtout d’éviter des valeurs extrêmes et de lisser les variations. Avant de se lancer dans des travaux d’envergure, une analyse fine de la collection est nécessaire pour identifier ses besoins en température et en humidité relative. Les préventeurs et les conservateurs-restaurateurs sont pour cela des interlocuteurs précieux.
Par ailleurs, les impératifs de développement durable poussent aujourd’hui à adopter des consignes de température et d’humidité relative ainsi que des systèmes de contrôle du climat moins consommateurs d’énergie (matériaux tampons, inertie des bâtiments, utilisation de la géothermie ou de panneaux solaires, etc.).
- Contrôle de la lumière : elle peut être régulée avec des volets et/ou des stores mais également avec un changement du mode d’éclairage et/ou la mise en place de filtre, afin d’éliminer les UV et les IF. Il est également très intéressant de mettre en place des systèmes d’éclairage intermittents pour des collections sensibles comme par exemple le déclenchement de la lumière à l’entrée des visiteurs dans la salle.
- Contrôle des polluants : il passe par l’usage de matériaux à faible émission et par le respect des temps de séchage mais aussi par la gestion de l’ouverture des portes et des fenêtres, voire de filtration de l’air entrant dans le cadre d’un système de gestion de l’environnement.
Ressources en ligne
Pollution de l’air dans les muséums : https://journals.openedition.org/ocim/1170
Mesure du climat : https://journals.openedition.org/insitu/pdf/9959
https://doc.ocim.fr/LO/LO001/LO1(1)-P.PDF
Bibliographie de l’INP : https://mediatheque-numerique.inp.fr/Bibliographies/Connaissance-et-maitrise-des-risques-pour-les-oeuvres-les-enjeux-du-climat-et-de-sa-gestion-en-musees
Conservation et développement durable : https://journals.openedition.org/ocim/1055
Calculateur des dommages de la lumière : https://app.pch.gc.ca/application/cdl-ldc/description-about.app?lang=fr
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