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HISTORIQUE DU MÉTIER
Emergence du métier
Reconnaissance du métier
Une situation en demi-teinte
🔨 EMERGENCE DU MÉTIER
Les différentes missions associées aujourd'hui au métier de régisseur.e prennent forme dans les années 1970, autour d'une fonction qui se définit alors surtout au regard des autres activités professionnelles, conservateur.rice.s, documentalistes, conservateur.rice.s-restaurateur.rice.s, etc. Les années 1980 voient émerger plusieurs notions qui favorisent la professionnalisation de ces missions et leur concrétisation en un nouveau métier, celui de régisseur.e :
Les premiers services de régie des œuvres, structurés et identifiés comme tels, apparaissent en France à la faveur de la création du Centre Georges Pompidou en 1977 puis, dix ans plus tard, du Musée d’Orsay en 1986. Ces deux grands établissements ont, dès leur ouverture, intégré la nécessité de pouvoir s'appuyer sur des professionnel.les spécialisé.es pour bâtir leur politique de gestion des collections et des expositions. Au cours des années 1980 se développent dans cette même dynamique des « régies » qui se substituent aux services déjà existants de « mouvements des œuvres », en étoffant leurs prérogatives, entraînant souvent une redéfinition de celles des autres services. Déjà, les situations de ces services sont variées, certains se spécialisent sur la collection ou sur les expositions, d’autres restent polyvalents.
En tout cas, leur émergence fait bouger les attributions des différents acteurs, conservateur.rice.s documentalistes, conservateur.rice.s-restaurateur.rice.s, services techniques, etc. Les fonctions des uns et des autres se rééquilibrent au cas par cas, en fonction des profils et des compétences de chacun, et en tenant compte de l’histoire des établissements. Les savoir-faire des régisseur.es trouvent en partie leur source dans la tradition anglo-saxonne des « registrars » mais le métier s'apprend le plus souvent une fois en poste, par l’expérience et l’apprentissage au contacts des régisseur.e.s en poste, des transporteurs, des conservateur.rices-restaurateur.rices, des artistes, etc.
📆 | CHRONOLOGIE
1978 : Création du Registrars Commitee de l'American Association of Museums, aujourd'hui Collection Stewardship
1979 : Création du United Kingdom Registrar Group
1990 : Création de l'Australian Registrar Commitee, aujourd'hui Australasian Registrar Commitee
1997 : Création de l'Association Française des Régisseur.e.s d'Oeuvres d'Art
1998 : 1ère conférence européenne des régisseur.e.s d’œuvres d’art à Londres
1998 : Création du Nordic Registrars Group
2000 : Création de l'Associazione Italiana Registrar Opere d'arte
2000 : 2e conférence européenne des régisseur.e.s d'oeuvres d'art à Paris
2002 : 3e conférence européenne des régisseur.e.s d'oeuvres d'art à Rome
2004 : Création de Registrars Deutschland et du Nederlandss Registrasr Groep
2004 : 4e conférence européenne des régisseur.e.s d'oeuvres d'art à Wolsfburg
2005 : Création de l'Associacion de Registros de Muséos e Instituciones Culturales espanolas
2006 : 5e conférence européenne des régisseur.e.s à Madrid
2007 : Création de Swiss Registrars
2008 : 6e conférence européenne des régisseur.e.s à Bâle
2010 : 7e conférence européenne des régisseur.e.s à Amsterdam
2012 : 8e conférence européenne des régisseur.e.s à Edimbourg
2013 : Création du Austrian Registrars Commitee
2014 : 9e conférence européenne des régisseur.e.s à Helsinski
2016 : 10e conférence européenne des régisseur.e.s à Vienne
2018 : 11e conférence européenne des régisseur.e.s à Londres
2022 : 12e conférence européenne des régisseur.e.s à Strasbourg (report de 2020)
⚒ STRUCTURATION DU METIER
Progressivement, pour répondre aux missions précises de leur métier, les régisseur.e.s agrègent et développent autant des connaissances que des savoir-faire particuliers, distincts de ceux des autres métiers. Pour revendiquer cette spécificité, les régisseur.e.s se regroupent au sein de structures associatives les représentants, dès la fin des années 1970 pour les pionniers mais surtout à partir des années 1990.
Les enjeux de cette représentation tournent autour de l’affirmation d'une identité professionnelle des régisseur.e.s, la promotion de leurs compétences et la volonté de mieux faire connaître ce métier sur le plan national et international. Les régisseur.es se reconnaissent désormais comme une profession, avec une identité propre. Au niveau européen, cette identité commune se concrétise notamment par la tenue de la 1ère conférence européenne des régisseur.es à Londres en 1998. La création d'une association nationale est d'ailleurs souvent suivie de la tenue sur son sol d'une E.R.C., comme celle de Paris en 2000, trois ans après la création de l'AFROA.
Cet activisme va de pair avec une certaine reconnaissance institutionnelle qui, si elle convient d’ores et déjà, de la nécessité d’une fonction de « régie d’œuvre » n’a pas su, pendant longtemps, intégrer la dimension véritable de « métier ».
🔧 RECONNAISSANCE DU METIER
En France, la création, en 1997, de la spécialité "régie d'oeuvres" au concours de chargé.e d’études documentaires, dans un cadre d’emploi de la filière scientifique de catégorie A, est une 1ère reconnaissance officielle du métier. Cette spécialité, en s'ajoutant à « documentation » et « archives » qui existaient déjà, place les régisseur.es au même rang que les documentalistes et les archivistes, au moins dans les institutions nationales.
Il faudra attendre encore 10 ans pour donner complètement corps au métier et asseoir ses compétences spécifiques, avec la création de formations initiales expressément dédiées à la régie. Ces formations de niveau bac + 5 étaient au départ des D.E.S.S. Ce sont aujourd'hui, après la réforme L.M.D. des masters professionnalisants.
Le premier a été proposé en 2008 par l'Ecole du Louvre sous l'intitulé "régie d’œuvres et documentation". Il a été suivi de près, en 2009, par celui de l'Université de Picardie d'Amiens, sous le titre de "régie d’œuvres et montage d’expositions". On dénombre aujourd'hui 4 masters spécialisés en régie. Ils sont parfois exigés dans certaines fiches de poste. De façon plus globale, les thèmes de la régie, de la conservation et de la logistique spécialisée des collections ont intégrés le programme de nombreux masters préparant aux professions des musées. Cette offre de formation initiale est d'ailleurs assez unique, le domaine étant peu traité par les universités des autres pays.
La formation continue a été également enrichie et il est possible aujourd'hui de se perfectionner sur les différents aspects du métier, assurance, emballage, inventaire, réserve, etc.
⏳ UNE SITUATION EN DEMI-TEINTE
Les grands établissements, à Paris comme en région, ont tous aujourd'hui un service de régie, plus ou moins fourni, et des régisseur.es, spécialisé.e.s ou polyvalent.e.s. Les fiches de poste montrent bien toute la technicité de ces postes. Le métier s'est même implanté en-dehors des musées, dans certaines bibliothèques ou certains services d'archives, où les compétences en conservation et surtout en logistique spécialisée sont de plus en plus nécessaires.
Toutefois il reste de nombreuses institutions sans régisseur.e. Les missions sont disséminées entre plusieurs agents, sans identification de la fonction ni reconnaissance de ses compétences particulières. Il reste encore trop courant que les mouvements d'oeuvres, la manipulation, l'emballage, le transport, toute la partie physique de la gestion des collections, reste confiée aux services techniques qui gèrent la maintenance des bâtiments.
Dans d'autres situations, au contraire, l'agent assurant les missions de régie assume de nombreuses autres tâches, ce qui limite sa spécialisation et ceci dans les différents domaines de son poste, accueil, médiation, documentation, régie, etc.
Alors qu'aujourd'hui les régisseur.es sont de plus en plus qualifié.es, dès leur sortie de formation, dans les 1200 musées de France, les postes spécifiques restent rares, les missions de régie sont amalgamées avec d'autres et bien souvent les postes sont créés sur des grades inférieurs aux compétences exigées. Il reste donc des combats à mener!